Calculs…

Il y a peu de temps, j’écoutais un interview de Bjorn Meuris, un excellent cartomancien belge, et cela m’a rappelé une nouvelle pratique qui a pris naissance il y a 3 ou 4 ans. Il semble qu’il est devenu fréquent, dans les groupes de facebook et dans les forums, d’ajouter des nouveaux éléments à la pratique du Petit Lenormand. L’un d’eux, surtout vu dans les tirages en ligne, est de calculer la somme des cartes et de faire une réduction théosophique pour obtenir une carte supplémentaire, en quelque sorte l’essence du tirage. La façon de faire est d’ajouter le nombre de chaque carte dans le tirage, et si le résultat obtenu est plus grand que 36, de le réduire en additionnant les différents chiffres du résultat. De cette façon, on obtient un nombre plus petit ou égal à 36, ce qui correspond à une carte du Petit Lenormand.

Cette pratique est très commune avec le Tarot de Marseille, spécialement pour le tirage en croix, où la synthèse est ajouté au milieu de la croix en additionnant les 4 autres cartes. D’après mes recherches, cette technique a été introduite par Oswald Wirth, un occultiste suisse, dans son livre “Le tarot des imagiers du moyen âge”, en 1927.

Je respecte certainement tous les avis, mais j’ai personnellement quelques objections pour introduire cette technique dans ma pratique.

Tout d’abord, j’aime garder les choses simples et aussi traditionnelles que possible. Pourquoi commencer à calculer en face d’un consultant quand il est bien plus facile de tirer une carte, si nécessaire?

Ensuite, quelle utilité cette information additionnelle peut-elle avoir? Comment cela pourrait me permettre de mieux interpréter le tirage original et améliorer ma réponse à la question? Prenons un exemple récent pour un tirage journalier.

Les cartes étaient la verge (11), le serpent (7) et la croix (36). Certainement pas le plus beau tirage! Si on additionne les cartes, 11 + 7 + 36, on obtient 54. Comme le nombre est plus grand que 36, nous additionnons les chiffres, 5 + 4, ce qui donne 9 pour la carte calculée: le bouquet.

Comment puis-je intégrer cette information supplémentaire dans mon interprétation originale? Malgré tous les arguments (verge) et tricheries (serpent) qui donnent de la peine (croix), je vais trouver du bonheur malgré tout? La carte supplémentaire est tout à fait à l’opposé de l’interprétation originale. J’ai remarqué qu’il est très fréquent que cette contradiction arrive.

Et finalement, j’ai écrit un petit programme qui calcule la somme pour toutes les combinaisons de cartes possibles, et qui donne la probabilité d’obtenir telle ou telle carte. Voici un graphe pour les additions de 3 cartes de Petit Lenormand.

Comme vous pouvez le constater, les cartes qu’on obtient le plus sont le serpent, le cercueil, le bouquet, la faux, la verge, les oiseaux et l’enfant. Et même parmi elles, la probabilité d’obtenir chacune est différente. A l’autre bout de l’échelle, vous n’obtiendrez presque jamais le cavalier, le trèfle ou le vaisseau.

Encore une fois, quelle est l’utilité d’utiliser un système où 7 cartes sur un jeu de 36 sortent 9 fois sur 10? On n’a plus le hasard. Au minimum, dans un système de divination acceptable, chaque carte doit avoir la même chance d’être sélectionnée. Si ce n’est pas le cas, quelle serait son utilité? Si les dés sont pipés, ce n’est plus de la divination.

Jeu: Maybe Lenormand par Ryan Edward.

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